Bientôt la région de Kaolack ne connaîtra plus les nombreux casd’inondations avec leur
lot de soucis. Les multiples projets entrepris par l’État du Sénégal commencent à soulager sérieusement le quotidien des populations, bien que la plupart d’entre eux soient toujours encours de réalisation.
L’épaisse couche de poussière qui s’est emparée de l’atmosphère de Kaolack n’a pas ralenti les activités. Entre piétons et motos Jakarta, la ville vit. Non loin de laroute qui mène à Médina Baye,une vue dégagée s’offre aux habitants. Une route, en deux fois deux voies séparées par un pavage rouge gris surplombé delampadaires solaires, offre, lanuit, un visage digne des grandes villes. Cet axe, communément appelé « Niarry Tally » de Kaolack, afait peau neuve grâce au Promovilles. De part et d’autre de laroute, des magasins de vente depièces détachées, des réparateurs de scooters, des menuisiers…jouxtent la route qui, il y a encore quelques mois, était méconnaissable.
Vendeur de pièces détachées, Modou Ndiaye est presque auxanges. À une certaine période del’année, la zone était presque impraticable. Entre eaux de pluie, ordures… c’était presque un terrain vague, se souvient-il. Lamine Sall est l’un d’entre eux.Surnommé « chef de quartier », il est témoin de la mutation de sonfief. Pour lui, en plus de la question des inondations, la sécurité a beaucoup été améliorée grâceà l’éclairage public. Adossé à un poteau, Abdou Seck est conducteur de moto Jakarta. Même si son cas que et son masque cachent une bonne partie de son visage, ses yeux rougeâtres laissent apparaître une certaine fatigue. Depuis que les deux voies ont été construites et l’éclairage réalisée, son volume de travail a augmenté. Avant, sesouvient- il, juste après le crépuscule, c’était la descente. Maintenant, il peut se permettre de travailler jusque tard dans a soirée. Non loin, Moussa Dème tient un atelier de réparation de scooters. S’il y a quel qu’un qui se réjouit de cette infrastructure, c’est bien lui. « Avant, les gens versaient des ordures partout, surtout la nuit. L’odeur nous empêchait de travailler. En période d’hivernage, mon activité était sérieusement affectée parce que les gens ne pouvaient pas accéder à mon atelier. Aujourd’hui, c’est commeune nouvelle vie, aussi bien pourles habitants que pour ceux qui travaillent sur cet axe », salue-t-il. À quelques centaines de mètres de «Niarry Tally de Kaolack», sur la route de Diourbel, se trouve le quartier Khaxum. Pour y accéder,il faut contourner la grande clôture du bassin de rétention qui symbolise, à lui seul, le soulagement de tout un quartier. Une aubaine.
À Khaxum, les canaux de tous les espoirs
En effet, pendant l’hivernage,les habitants abandonnaient tout simplement leurs maisons. Les rares personnes qui restaient avaient du mal à se déplacer parce que leur quartier étaitcoupé du reste de Kaolack. Il est17 heures passées, la famille Diop prend l’air juste en face du bassin, pendant que les enfants jouent à côté. La vieille dame Diabou Diopne cache pas sa satisfaction, bienque les travaux ne soient pas totalement achevés. Avant l’érection du bassin, les eaux étaient déversées un peu partout, même celles des fosses septiques, selon elle. Un peu à l’intérieur du quartier, Rokhaya Faye dit nourrir beaucoup d’espoir grâce à ces nouvelles infrastructures. L’hivernage était un calvaire, mais cetteannée, il y a eu un léger mieux. À quelques jets de pierres du bassin, des grues sont en train decolmater les brèches créées par l’installation du système de canalisation qui devrait être incessamment relié à la station de pompage des eaux pluviales de Keur Serigne Maloum de Ndorong, explique Mbaye Diouf, le chef d’équipe. «Les ouvriers sont dansla phase finale des canalisations qui sont désormais à quelques dizaines de mètres de la station de pompage. Une fois le raccordement terminé, les problèmes seront réglés, car il n’y aura plus d’inondations», assure-t-il.
Lancés en septembre 2018, les travaux d’assainissement de laville de Kaolack mobilisent 15milliards de FCfa. Les travaux concernent la cité religieuse de Médina Baye et 13 quartiers dela capitale régionale. À terme, cesprojets vont aider près de 65.000 ménages habituellement impactés par les inondations. D’ailleurs, dans toutes les rues de Kaolack, le dispositif est visible un peu partout. Le long de l’entrée nordde la ville est composé de 12,5km de connecteurs de drainage d’eaux pluviales, de deux bassins d’écrêtage de 19.500 m3 et de765 m3, et de voies neuves en pavés autobloquants.
Oumar FÉDIOR et Élimane FALL Samba SEYDI (Quotidien Le Soleil)