Un Système d’information géographique (Sig) concentre des données sur l’espace qui peuvent faciliter la prise de décision. La ville de Guédiawaye en dispose, mais il y a urgence de perfectionner cet outil numérique.
Dans les locaux des Services techniques de la ville Guédiawaye, se trouve le bureau sommaire de Mame Fatou Sène. La Cheffe du Bureau Système d’information géographique (Sig) nous explique cinq fonctions principales du Sig de Guédiawaye. D’abord, une fonction d’abstraction qui consiste à modéliser la réalité. Ensuite, une fonction d’acquisition consistant à collecter et prétraiter des données. Il y a également l’archivage ou la gestion et stockage des données. Les deux autres fonctions sont l’analyse spatiale (mesures, buffering, etc.) et l’affichage qui sous-entend la visualisation et l’affichage des résultats. Le Sig permet de localiser les objets dans l’espace, de faciliter la superposition des données de sources différentes, de fusionner des objets ayant une caractéristique commune (exemple : toutes les maisons raccordées à un réseau d’eau potable). À en croire Mme Sène, le Sig peut servir aussi pour déterminer l’itinéraire le plus court pour se rendre à un endroit précis. Il aide également àréagir rapidement après des événements ayant un impact sur le territoire ou bienassocier un plus grand nombre de partenaires aux choix d’aménagement. Cet outil facilite aussi la prise de décision. «Imaginons un Maire ou un partenaire qui veut installer une bibliothèque dans une école à Guédiawaye. À l’aide du Sig, on peut connaître là où il n’y en a pas encore, voire prendre en compte la capacité d’accueil de l’école à y construire», dit-elle. Dans le même ordre d’idées, Mame Fatou Sène renseigne que le Sig peut calculer des coûtsou des bénéfices et peut ainsi servir decarte pour la Direction des recettes. «Enun mot, le Sig, c’est la numérisation de toute la surface terrestre»,résume-t-elle.
Historique du Sig de Guédiawaye
L’idée du Sig de Guédiawaye est née dela coopération entre la ville et l’Université de Toulouse qui a permis de mettre en relation la Mairie de ville de Guédiawaye (maître d’ouvrage) et la communauté de Castres-Mazamet, maître d’oeuvre de cet outilnumérique, assurant ainsi l’animation et le suivi scientifique. Le projet de réalisationdu Sig de Guédiawaye a démarré en début 2008 et a pris fin en 2012. Sa mise en places’est faite en trois temps. D’abord, il était question pour la ville de se doter d’une capacité nouvelle à centraliser des données cartographiques éparses et à les valoriser à travers un Sig. Ensuite, oeuvrer au renforcement
des capacités financières et à une meilleure structuration des services (gestion des ordures ménagères, par exemple), et à la gestion des inondations. La troisième phase s’est focalisée sur l’autonomisation et la professionnalisation du Sig de la ville Guédiawaye. Cependant, après avoir été accompagné pendant des années par le Cadastre et l’Agence de développement municipal (Adm), la ville de Guédiawaye a poursuivi le projet en cherchant d’autres partenaires pour la pérennisation des acquis.
Une aubaine s’offre à Guédiawaye, éligible au Programme de modernisation desvilles du Sénégal (Promovilles). L’Agence nationale pour l’aménagement du territoire (Anat)a aussi apporté une importante contribution à la mise en place du Sig de Guédiawaye. Dans le Sig de Guédiawaye, sont numérisés l’habitat dans sa globalité, le réseauroutier, les marchés, les stations-services, les établissements publics, le patrimoine de la Mairie, etc., énumère Mame Fatou Sène. «Le Sig nous est d’une très grande utilité ; il nous aide à bien planifier en matière d’aménagement, de recouvrement, d’éclairage public, de gestion des inondations, etc.», affirme Oumar Coundoul, chef des Services techniques de la ville de Guédiawaye. Avec la décentralisation, des compétences transférées aux villes les obligent à se doter d’outils pour une plus grande efficacité de leurs services. Surtout quandon sait que la forte pression urbaine entraîne une demande croissante en services sociaux de base. En même temps, un besoin de structuration des services et de gestion des équipements (ordures ménagères, éclairage public, équipements publics) s’estvite fait ressentir. Aussi, les collectivités territoriales de la banlieue souffraient de manque de recettes fiscales lié à la faiblesse des activités économiques mais aussi du recouvrement partiel des impôts locaux. «Heureusement, nous avons bénéficié d’une base de données assez complète grâce à la formation offerte par Promovilles», révèle Mme Sène.
Parfaire le système
De l’avis de la Cheffe du Bureau Système d’information géographique, il faut communiquer et promouvoir le Sig de Guédiawaye en appréciant l’existant et encherchant des informations sur les bases de données nationales. Mame Fatou Sène trouve tout aussi important de former les agents, d’équiper le bureau, de publier les nouveaux résultats, de convaincre les autres services, de collaborer avec les décideurs sur les capacités du nouvel outil.En termes de perspectives, elle considère qu’il y a lieu d’améliorer les recettes fiscales avec une bonne maîtrise de l’assiette etde travailler à la mise à jour de l’adressage locale. Cependant, précise Mme Sène,ilfaut un soutien technique et matériel poury arriver.
Abdou DIOP
(Quotidien Le Soleil)